Porter, on le comprend, ce n’est donc pas seulement porter le corps de l’autre aux nues : c’est offrir un soutien, à la fois physique et attentionnel, à son activité. Dans le vouloir porter, il y a de nombreuses prises de position : aider l’autre, prendre en charge son autonomie, vivre de cette joie singulière du parent qui balance son enfant dans les airs… Sans en épuiser aucune, nous nous poserons la question de ce que nous supportons dans le porté : qu’est-ce qui, au travers de la masse, est soutenu ? Et inversement, nous chercherons à établir ce qui nous soutient quand nous portons : quelles structures, tactiles, pondérales, osseuses, mais aussi perceptives et affectives, permettent de soutenir l’autre pour qu’il aille voir les airs ?
« Le terme de « maintien » (holding / fait de porter) est utilisé pour dénoter que l’on porte physiquement l’enfant, mais il désigne aussi tout ce que l’environnement lui fournit antérieurement au concept de vie commune. (…) Le maintien protège contre les dangers physiologiques ; tient compte de la sensibilité de la peau de l’enfant… ; comprend toute la routine des soins jour et nuit (…) ; s’adapte aussi jour après jour aux changements infimes dus à la croissance et au développement, changements à la fois physique et psychologiques. (…) Dans « maintien », il y a surtout le fait qu’on tient physiquement l’enfant, ce qui est une forme d’amour. »
Donald W. Winnicott (psychanalyste),« La théorie de la relation parent-nourrisson » (1960)