INSIDES/OUTSIDES
MAXINE SHEETS-JOHNSTONE A PARIS
Les 18 et 19 octobre 2016, la philosophe américaine Maxine Sheets-Johnstone nous a rendu visite à Paris. En 1966, elle publiait sa thèse de philosophie, *Phenomenology of Dance*, le premier livre qu’une philosophe ait su consacrer à la danse… et depuis, que ce soit dans ses travaux en paléo-anthropologie ou dans sa réflexion sur les origines motrices de nos langues, la philosophe n’a eu de cesse de donner sa « primauté au mouvement », pour reprendre le titre de son dernier maître ouvrage (*The Primacy of Movement*, 1999).
C’était une chance de l’avoir parmi nous à Paris pour parler de ses derniers travaux : ci-dessous vous trouverez l’enregistrement de sa conférence Why Kinesthesia, Touch and Affectivity Matter? ainsi que les notes de l’atelier danse/philosophie qu’elle a proposée au Studio Keller.
Après une licence de littérature comparée qu’elle commence à UCLA et achève à Berkeley au cours de laquelle elle découvre conjointement l’existentialisme sartrien, le féminisme beauvoirien et la danse moderne, Maxine étudie la danse auprès de Margaret H’Doubler dans le département de Dance Studies que celle-ci avait fondé (le premier du genre) en 1926 à l’Université du Wisconsin. C’est là qu’elle prépare et soutient son doctorat en danse, co-dirigé par un philosophe : The Phenomenology of Dance, qu’elle publiera en 1966. Fortement influencée par le moment existentialiste français, sa phénoménologie s’y appuie sur les outils de la description phénoménologique husserlienne tout en faisant une place importante à l’usage métaphorique ou poétique du langage.
Pendant une vingtaine d’années (1960-1980s), Maxine enseigne alors la danse, qu’elle met en relation avec la philosophie (notamment en invitant divers penseurs à contribuer au champ des dance studies, comme dans Illuminating Dance) dans diverses universités, aux États-Unis et au Canada. Dans les années 1980, elle entame (sans l’achever) un second doctorat en biologie évolutive, à l’appui duquel elle publiera une série de trois livres sur les racines motrices de la pensée, du pouvoir et du langage (The Roots of Thinking, The Roots of Power, The Roots of Language). En dialogue avec la psychologie de l’enfance (en particulier les travaux de Daniel Stern), la paléo-anthropologie et l’éthologie comparée, ses réflexions sur ce qu’elle appelle la pensée-en-mouvement insistent sur le caractère premier des structures motrices : The Primacy of Movement (1999) et The Corporeal Turn (2009) insistent sur le primat du mouvement sur la perception, l’action volontaire et le langage.