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Les laboratoires du tactile

Conférences-ateliers & jams au CDCN La Briqueterie

 

Forme de danse expérimentale née dans les années 1970 à New York, le contact improvisation est de retour à la Briqueterie avec une série d’événements où se succèdent et s’entremêlent conférences et ateliers pratiques autour du toucher et des savoirs qu’on peut en retirer.

Informations pratiques :

Contacts obliques #1
Un désir démesuré d’amitié, avec Emma Bigé, Hélène Giannecchini et Laurian Houbey
 
samedi 14 décembre 2024

Au programme de la journée : pratiques guidées impliquant le toucher, moments de lecture et d’écriture, espaces d’improvisation collective non dirigée.

Le contact improvisation : une forme de danse qui invite les masses à se mêler, à se rouler par terre et à se rencontrer dans les airs. Mais une forme, aussi, avec une manière bien à elle de penser les genres : inspirée par Magnesium, une pièce de 1972 où l’homoérotique des sports de lutte et d’équipe se déploie à plein régime, le contact improvisation en est venu à être l’une des pratiques de danse occidentales contemporaines où les rôles binaires des mecs-qui-portent et des filles-qui-volent ont été suspendus à la faveur de pratiques plus obliques (ou inverties) d’échange du poids entre partenaires. Dans les années 1990, le principal espace de pratique du contact improvisation à San Francisco était un donjon BDSM, et les publics se mélangeaient, si bien que le contact improvisation a finalement incorporé le vocabulaire et les investigations liées au consentement et aux oppressions de genre. Quantité d’ancestralités queers habitent ainsi les histoires du contact improvisation dont nous aurions, peut-être, tout avantage à nous inspirer pour penser avec lui les laboratoires du tactiles.

Emma Bigé étudie, écrit et traduit entre les champs de la danse, des études queers et des inhumanités environnementales. Agrégée et docteure en philosophie, elle a notamment écrit Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023) et co-édité Steve Paxton: Drafting Interior Techniques (Culturgest, 2019) et La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du contact improvisation (Piretti, 2021). Elle enseigne l’épistémologie et la danse en écoles d’arts et dans des centres chorégraphiques. Le reste du temps, elle vit au bord d’une forêt dans le Périgord et, dès qu’elle peut, elle roule par terre.
 
Hélène Giannecchini est écrivaine, théoricienne de l’art et enseignante. Docteure en littérature, elle est spécialiste des rapports entre texte et image. Elle a publié aux éditions du Seuil, dans la collection « La Librairie du XXIe siècle », Une image peut-être vraie (2014), Voir de ses propres yeux (2020) et Un désir démesuré d’amitié (2024). Obsédée par les images, elle les regarde, les expose, les collecte, les écrit, les partage. Ses recherches actuelles portent sur les archives queer de la seconde moitié du XXe siècle. Elle travaille notamment sur l’œuvre de la photographe Donna Gottschalk. En 2021 et 2023, elle a été en résidence d’écriture au CN D pour poursuivre ses explorations sur les liens entre danse, image et écriture.
Chorégraphe, Laurian Houbey travaille sur des créations chorégraphiques, sonores, graphiques, et des performances qui allient collectifs, fictions intimes et poétiques paysagères. Après diverses formations auprès de chorégraphes tels que Lisa Nelson, Catherine Contour, Loïc Touzé, Julyen Hammilton, Trisha Bauman, Patricia Kuypers, Simone Forti, ainsi qu’auprès d’artistes vocaux comme Anne-Laure Pigache, Phil Minton, Myriam Djemour ou Natacha Mulsera, iel co-fonde le duo INUI avec Laurie Peschier-Pimont en 2012, au sein duquel se créent pendant 10 ans des pièces autour de la notion de maysage – le paysage sensuel en mouvement. En tant que performer ou regard extérieur, iel travaille notamment avec Mathilde Monfreux, claude c. boillet, les compagnies Strates ou les Harmoniques du Néon, ou encore des projets de cinéma documentaire. Au quotidien, iel vit entre Marseille et un lieu collectif queer à la montagne.

Les laboratoires précédents

Furigraphies

Samedi 8 juin 2024 avec Myriam Rabah-Konaté et Cléo Tabakian

Illustration de Cléo Tabakian


« La furigraphie est un moyen de sortir de soi, d’arriver à un surnomadisme hors d’un temps et d’un espace confisqués, de dessiner un soi multiple et insaisissable, doué d’ubiquité. C’est une tentative pour dépasser les contraintes, les contradictions et l’écartèlement entre passé, présent et futur, entre intérieur et extérieur, entre soi et les autres. » Hawad


Comment la furigraphie peut-elle nous aider à se sentir et se produire comme puissant.e à l’horizon de combats pour la justice, la réparation ou la survie ? Comment se défaire des structures psychiques qui dictent le possible de l’impossible ? Quels sont leurs corrélats dans l’expérience physique ? Comment se comprendre dans nos corporéités respectives ? Comment appréhender le mouvement de l’autre ? En cherchant où s’inscrit le conflit dans nos physicalités, ce laboratoire du tactile se propose d’explorer nos complexités, à l’aune de la différence. En puisant dans différentes pratiques et influences : Skinner Releasing Technique, Kung-Fu ou capoeira, nous tenterons de proposer des chemins holistiques, dans la joie et l’unité. 

 

Qui ?

Cléo Tabakian vit à Marseille, elle est diplômée du Laban Conservatoire of Music and Dance depuis 2018 et des Beaux-Arts de Paris (ENSBA) en 2014. Danser, dessiner et enseigner sont ces principales activités. Professeure certifiée de Skinner Releasing Technique, elle enseigne la danse aux enfants et aux adultes régulièrement dans des contextes variés. Son livre en cours, Movement Speculation, réunit dessins et fragments d’un poème épique. Elle expose son travail graphique en solo et dans des expositions collectives.

 

Myriam Rabah-Konaté est documentariste sonore, autrice et danseuse. Elle pratique le mouvement depuis sa rencontre avec la danse improvisée au Maroc sein du collectif Irtijal. Elle développe depuis une réflexion sur les enjeux micro-politiques de cette forme de danse, notamment à travers la cartographie sensible. Elle a co-écrit l’article « Ce qui nous retient de nous toucher » avec Emma Bigé dans l’ouvrage La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation (2021). Elle explore dans ses documentaires radios, Écouter la Muette, l’histoire des mémoires d’une cité de Drancy (2023) ; Ce qui disparaît. Cartographie sonore de la nostalgie dans le 93 (2024), la géographie sensible et vécue de son territoire d’enfance.

Anatomies de l’invisible

Samedi 16 décembre 2023 avec Marcela Santander Corvalán et Emma Bigé

 

© Bettina Blanc Penther

 

Et toi, ça t’est déjà arrivé d’être en contact avec une matière que tu ne pouvais pas voir ? Pas seulement avec des os, des muscles, des flux cachés sous la peau, mais aussi des atmosphères, des souvenirs, des images qui sont là et pas là ? Que se passerait-il si au-delà des corps présents, nous nous mettions en lien avec tout ce qui se coule entre eux et nous bouge ? Appelons cela : une chair qui déborde, une fête, un esprit, un souffle, une agitation. Et si on se branchait à ces tumultes invisibles pour les danser et être dansé‧es par eux ?

 

Qui ?

Originaire du Chili, Marcela Santander Corvalán se forme à la danse-théâtre à Milan et à l’histoire, puis à la danse contemporaine au CNDC d’Angers et à l’université Paris8. En tant qu’interprète, elle collabore avec Dominique Brun, Faustin Linyekula, Julie Nioche, Ana Rita Teodoro, Volmir Cordeiro, Mylène Benoit et Mickaël Phelippeau. Depuis 2015, elle signe plusieurs pièces qui tournent en Europe et à l’international (Époque (avec Volmir Cordeiro) Disparue, Quietos, Concha histoires d’écoute (avec Hortense Belhôte et Gérald Kurdian ). En 2021, elle entame une trilogie sur les mythologies, et réfléchit à la manière dont nous pouvons créer des mythologies contemporaines émancipatrices. La première pièce de ce volet, Bocas de Oro, a été créée en octobre 2022. Elle intervient régulièrement dans différents lieux, festivals, écoles d’art, théâtres, pour des ateliers, formations ou des projets collectifs au long cours. La création de sa compagnie Mano Azul en 2021 est animée par la volonté d’approfondir cet axe de transmission en proposant et déployant des projets participatifs en étroite collaboration avec différents artistes et institutions et lieux alternatifs.

Emma Bigé étudie, écrit, traduit et improvise avec des danses contemporaines expérimentales et des théories transféministes. Agrégée et docteure en philosophie, danseuse et commissaire d’exposition, elle enseigne l’épistémologie et les pratiques textuelles dans des écoles d’art et des centres chorégraphiques. Traductrice de théoriciennes et d’écrivaines queers (Jack Halberstam, Sara Ahmed, Alexis Pauline Gumbs, Eva Hayward…), elle est membre de la collective de rédaction de la revue Multitudes. Elle a récemment fait paraître Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023) et travaille en ce moment à un livre sur les écologies trans*. Elle vit près d’une forêt dans le Périgord et, dès qu’elle peut, elle roule par terre.

Goûter les virtuels – Samedi 14 octobre 2023

© Maryline Jacques

Il y a ce qui est et ce qui pourrait être.

En contact improvisation, comme dans beaucoup d’autres pratiques d’improvisation, nous apprenons à nous déposer dans ce qui est, tout en développant la perception de ce que ce présent ouvre d’à-venir potentiels.

C’est à ce niveau invisible de relation aux possibles que nous apprenons à dialoguer.

Dans une danse il n’y a pas que toi et moi, il y a aussi tout ce que tu pourrais être et ce que je pourrais être et ce que nous pourrions être ensemble. L’épaisseur de notre danse tient à cette faculté de goûter les multiples virtuels qui l’habitent, qui nous habitent.

Une pratique pourrait alors être d’écouter ce que notre présence, notre rapport au monde modifie de possibles en nous et en nos partenaires, et de commencer à danser avec.

 

Qui ? Catherine Kych danse depuis bientôt trente-cinq ans. La danse classique est son fil conducteur, mais à la recherche d’espaces de liberté, de jeu et de partage, elle a plongé en 2007 dans le contact improvisation. Elle s’est enthousiasmée pour cette pratique non‐normative qui offrait la possibilité de rencontrer, d’abord par le toucher et le mouvement – puis par les mots – des « autres », et de construire et déconstruire avec eux le monde.

Chemin faisant, elle s’est dotée de différents outils pour approfondir ses pratiques de danse et d’accompagnement : une formation de « Danse et Thérapie du mouvement » (avec notamment les outils de la psychopédagogie perceptive et de la fasciathérapie de Danis Bois), le D.U. « Danse et éducation somatique » de Paris VIII, une formation en Entretien d’Explicitation qui s’est trouvé être l’outil qui lui manquait pour accompagner la mise en mots de l’expérience des danseurs. Depuis elle est un membre actif du GREX (www.grex2.com), groupe de recherche sur l’explicitation fondé par Pierre Vermersch.

Le D.U. « Médecine, méditation et neurosciences » de Strasbourg est venu plus récemment compléter ses connaissances pratiques et théoriques sur l’attention – notamment dans les pratiques méditatives.

Et enfin tout dernièrement, Catherine s’est formée en hypnose ericksonienne pour tenter de mieux comprendre les liens entre imagination, perception, langage et relation, et la manière dont ils influencent les mécanismes de création, d’apprentissage et de changement.

Samedi 27 mai 2023

Les gardes du corps 

Quand je danse en contact avec toi, je fais parfois l’expérience que je suis dansée … mais par qui ? Qui me bouge ? Qui est l’agent ? – L’agent est secret, changeant et se confond avec ma façon d’épouser le présent. Pour qui travaille-t-il ? – L’agent est double, sur le fil qui me tient en tension entre le faire- et le lâcher-prise.   L’expérience de dé-prise que nous rencontrons au bout de la pratique du Contact Improvisation figure une voie discrète, et radicale, de transformation de notre rapport au monde. L’étudier de biais, c’est convier à la table du studio d’autres somatonautes et observer les expériences – hypnotique, poétique, mystique – qu’ils ont vécu jusqu’à la joie d’une perte : celle des gardes du corps   Sur Facebook: https://fb.me/e/5Tngb6yNk

Alice Godfroy est maîtresse de conférences en danse à l’Université Côte d’Azur, membre du CTELA – Centre Transdisciplinaire d’Epistémologie de la Littérature et des Arts vivants. Entre littérature comparée, études en danse et phénoménologie, ses travaux s’adossent à son parcours de danseuse et de pédagogue du mouvement. Elle a élaboré le concept d’une dansité de l’écriture poétique, en définissant le mouvement des textes à partir de son expérience en Contact Improvisation (Danse et poésie […], Champion, 2015 ; Prendre corps et langue […], Ganse, 2015). Elle lance à Nice en 2019 la première édition de l’Improvisation Summer School, ainsi qu’un sous-parcours de Master « Improvisation en danse ». Membre junior de l’Institut Universitaire de France depuis 2020, elle travaille à initier un champ de recherche sur les gestes improvisés.

© Maryline Jacques

Catherine Kych danse depuis plus de trente ans. La danse classique est son fil conducteur, mais à la recherche d’espaces de liberté, de jeu et de partage, elle a plongé en 2007 dans le contact improvisation. Elle s’est enthousiasmée pour cette pratique non‐normative qui offrait la possibilité de rencontrer, d’abord par le toucher et le mouvement – puis par les mots – des « autres », et de construire et déconstruire avec eux le monde. Chemin faisant, elle s’est dotée de différents outils pour approfondir ses pratiques de danse et d’accompagnement : une formation de « Danse et Thérapie du mouvement » (avec notamment les outils de la CNV et de la pédagogie perceptive de Danis Bois), le D.U. « Danse et éducation somatique » de Paris VIII, une formation en Entretien d’Explicitation qui s’est trouvé être l’outil qui lui manquait pour accompagner la mise en mots de l’expérience des danseurs. Depuis elle est un membre actif du GREX (www.grex2.com), groupe de recherche sur l’explicitation fondé par Pierre Vermersch. Le D.U. « Médecine, méditation et neurosciences » de Strasbourg est venu plus récemment compléter ses connaissances pratiques et théoriques sur l’attention – notamment dans les pratiques méditatives. Et enfin tout dernièrement, Catherine s’est formée en hypnose ericksonienne pour tenter de mieux comprendre les liens entre imagination, perception, langage et relation, et la manière dont ils influencent les mécanismes de création, d’apprentissage et de changement.

Samedi 25 mars 2023

BIENVENUE À L’ACCUEIL – Élans, désirs, raffineries et tourniquets

Comment le mouvement naît-il ? Naît-il ? Un appui permet-il l’élan ? Un geste, un mouvement ? Geste et mouvement se rejoignent-ils ? Est-ce que la fin d’une trajectoire est le début d’une autre ? D’une autre ? Est-ce qu’un empêchement est un retard pour le mouvement ? Ou une friction un peu plus rugueuse, un alentissement ? Est-ce qu’un mouvement est un lien ? Un lieu ? Un lieu de liens : une toile ? Est-ce que les images peuvent s’y déposer et faire levier ? Signal ? Pour d’autre gestes, d’autres mouvements, d’autres mémoires de ces gestes, d’autres mémoires de ces mouvements ? Comment cela se succède ? Cela fait-il étendue ? Tourne ? Est-ce un manège, une machinerie ? Est-ce une archive délicate ? Circule-t-elle ? Par quelles portes ? Comment cela se déplace-t-il, se dépose, se raffine ? Est-ce que l’accueil a une adresse ? Peut-on lui envoyer des intentions ?

Esther Salmona est autrice. Elle écrit à l’intérieur du paysage, à partir d’évidance, mot créé qu’elle creuse sans cesse. En avançant à partir du visage, de la voix, du corps ; des images et de leurs écarts, leurs silences ; à partir d’un je qui n’en est pas un, se déplaçant sans cesse : ajustements, focales, flous, précision, plans successifs, traversées par la bande. Elle lit parfois devant un public, invite à écrire lors d’ateliers dehors et en mouvement, publie en revue, prête sa voix à la radio, enseigne en école d’art, et de paysage. Parmi ses outils, filtres, leviers : la transduction, l’évidance1, la spectroralité2. Ses activités, ateliers, pratiques sonores et d’image, publications en revue papier et numériques 3, dans des ouvrages collectifs et de livres (Quads, leséditionsprécipitées 2012, Amenées, Éric Pesty éditeur, 2017) témoignent de cette recherche. 1 https://remue.net/Esther-Salmona-evidance 2 https://spectroralites.blogspot.com 3 RoTor, KaZak, Revue Laura, D’ici là, Les cahiers de Benjy, Fond Commun, CCP, 17 secondes, fig., SILLO, Ce qui secret, PLI, l’Air Nu, Teste, Muscle, Chimères, C.O.I., Nioques…

© Sarah Chauliaguet

Marie Rousseaux est très curieuse de tout ce qui conditionne la capacité à faire lien. Elle tente d’avoir les pieds sur terre et le nez en l’air (et l’inverse) pour se perdre allègrement entre l’intime et le politique. Elle est praticienne de Rolfing®  Intégration Structurelle pour mieux se laisser mouvementer. Elle danse, lit, écrit, bouge avec d’autres, bouge toute seule, ne bouge pas… et parfois tout à la fois !

Samedi 10 décembre 2022

Jérémy Damian & Isabelle Üski

Sismographies

« La danse est une façon d’ébranler la terre pour en susciter les forces » Alèssi Dell’Umbria, Tarantella ! Possession et dépossession dans l’ex-Royaume de Naples

Nous proposons d’aborder le tremblement comme une alternative aux pensées de l’effondrement et de l’aborder par et dans nos corps en mouvement.

Le tremblement est un motif commun à tous les corps, qu’ils soient physiques, géologiques, vivants, politiques, économiques, énergétiques, etc. En tant que tel, il établit un plan de continuité entre des corps très hétérogènes. Le tracé sismographique est un tracé d’ordre relationnel, enregistrant a minima l’action de deux corps et mettant en scène l’amplitude et la variation des modulations de leurs interactions.

Ce laboratoire du tactile propose des chemins de pratique pour susciter notre propre appareillage sismographique. Ces chemins seront hybrides, composés et inspirées d’expériences somatiques, d’improvisations dansées, de poésie et de sciences sociales.

Performeuse et pédagogue, Isabelle Üski entreprend au sein de Chorescence des projets musique danse considérant en premier lieu que le corps est une ZAD, une zone à défendre et à réhabiliter. Après 5 ans d’études de médecine, Isabelle a obtenu un Master Arts du Spectacle. Pendant prés de 20 ans, elle s’investit dans les pratiques de contact improvisation et de composition instantanée qu’elle développe  notamment via l’association Chorescence qu’elle fonde en 2005. Pédagogue, elle transmet son goût de l’expérimentation poétique en partant toujours du corps sensible, du mouvement, de la voix et de la relation. Performeuse du geste et de la voix, elle crée des pièces et des projets participatifs qui explorent le corps dans sa musicalité, son rapport au temps, son expérience terrienne. La respiration et les états de conscience modifiée sont au cœur de ses projets de création et de transmission. Ils s’appuient notamment sur les pratiques de méditation, du Mouvement Authentique ou du Tuning Score. Une expérience récente de la maladie ne fait que préciser ses axes de travail. Elle se forme actuellement en hypnose et communication ericksonnienne.
“Geologic cross-sections shown in color in 9 classes, and faults.” Tourtelotte Park Mining District Sheet. 1898. Colorado
Jérémy Damian est anthropologue et danseur. Ses recherches le conduisent à cartographier, dans les franges de notre naturalisme moderne, des pratiques collectives de mise en culture de sensorialités aberrantes. Avec l’association Pli sur Pli, il tente de construire des milieux  hospitaliers au côtoiement des savoirs académiques, des pratiques somatiques et des écritures contemporaines. 

Samedi 15 octobre 2022

Emma Bigé & Anne-Gaëlle Thiriot

Écotones‍ Les écotones sont des zones lisières, des frontières épaisses qui assurent la transition entre différents milieux (entre une forêt et une prairie par exemple) et qui favorisent la diversité en raison de la multiplicité des échanges et des dépendances mutuelles qui se contractent entre les vivants. Ce sont des zones d’impureté, pleines d’échanges asymétriques et de symbioses, où la vie est décidément autre que solitaire, décidément autre que le règne de l’individu. Qu’avons-nous à apprendre, pour nos danses, de ces zones de contact? La matinée se déroule en duo entre la philosophe Emma Bigé et la danseuse et pédagogue Anne-Gaëlle Thiriot. L’après-midi se compose d’une jam, ouverte et clôturée par une pratique partagée.

Anne-Gaëlle Thiriot est une danseuse, performer et artiste chorégraphique basée à Marseille depuis 2020. Formée au Contact Improvisation et à la danse contemporaine, elle a vécu et travaillé en Italie durant 4 ans, puis au Royaume Uni pendant 13 ans, avec des passages aux Etats-Unis pour collaborer avec Nancy Stark Smith en 2016 et 2018. Sa “famille de CI” au Royaume Uni avec qui elle a beaucoup étudié et travaillé (Charlie Morrissey, Annie Pui Ling Lok, Caroline Waters, Simonetta Alessandri, Robert Anderson, Lalitaraja, Thomas Kampe, Rick Nodine, Mary Pearson, Mary Prestidge, Laura Doehler, etc.) l’a particulièrement influencée, ainsi que la Candoco Dance Company avec qui elle a été artiste associée pendant 11 ans. Enseignant depuis une quinzaine d’années, elle partage et recherche une danse où physicalité, espace et image se rencontrent de manière concrète et une mutualité dans la collaboration artistique et la transmission. En ce moment, elle travaille à Marseille avec Mathilde Monfreux, Libertivore, Andrew Graham / L’Autre Maison, Julien Dégremont, et au Royaume Uni avec Exit Map.
Emma Bigé étudie, écrit, traduit et improvise avec des danses contemporaines expérimentales et des théories trans*féministes. Agrégée, diplômée de l’École normale supérieure et docteure en philosophie, danseuse et commissaire d’exposition, elle a notamment co-édité Steve Paxton: Drafting Interior Techniques (Culturgest, 2019) et La perspective de la pomme: Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation (Piretti, 2021), et elle publiera bientôt son premier livre, Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023). Elle enseigne irrégulièrement l’épistémologie en écoles d’art, et le reste du temps, elle vit au bord d’une forêt dans le Périgord où, dès qu’elle peut, elle roule par terre.

Samedi 4 juin 2022

Jérémy Damian & Anouk Llaurens

Dépayser le toucher, anarchiver le corps. ‍ Si mon corps est une archive, il collecte, inscrit, stratifie des expériences. Nos manières de sentir, de ressentir et d’agir sont informées par cette archive. Pour chaque situation, chaque habitude, chaque pratique, s’ouvrent ou se mobilisent des répertoires d’actions, des registres sensoriels et attentionnels. Chaque corps est en ceci une archive unique. Une partie, pourtant, de cette archive est aussi le fruit d’habitudes contractées, de tensions accumulées, d’injonctions intériorisées, de prescriptions déguisées. Se multiplient les entreprises visant à revendiquer un droit de gestion de cette archive, avec pour effet d’homogénéiser et standardiser tout autant les contenus que les modes sous lesquels nous nous relions à cette archive et à ses ressources. Nous aimerions prendre occasion de la célébration des cinquante années d’existence du contact improvisation pour rouvrir les puissances d’expérimentation de son laboratoire. C’est-à-dire aussi : de questionnement,  de dépaysement, de dé-composition. A travers la mise en dialogue de deux pratiques, l’une qui aborde les fascias comme un système sismographique du corps (Jéremy Damian), l’autre  qui s’inspire des Tuning Scores de Lisa Nelson (Anouk Llaurens), nous proposons un temps pour goûter nos sensations, re-visiter notre expérience et peut-être dépayser voire défaire, certaines de nos aptitudes haptiques, sensorielles et relationnelles. Emprunter des chemins buissonniers pour retrouver une exigence centrale du contact improvisation : vivre le corps/archive non pas comme une entité stable et fermée mais comme un réseau de relations en constante transformation.

Anouk Llaurens est danseuse, chercheuse, pédagogue et shiatsu, engagée dans des pratiques attentionnelles depuis sa rencontre avec le travail de Lisa Nelson en 1998. Sa danse et son questionnement se nourrissent aussi de la longue et passionnante collaboration avec le chorégraphe et artiste visuel belge Julien Bruneau (2010 -…). A travers une recherche sur la « Documentation poétique de l’expérience vécue » (2013 – 2020) et en dialogue avec Sonia Si Ahmed, Anouk s’est intéressée à la notion « d’expérience comme document » et a développé des  « documents poétiques  » sous la forme de performances et de pratiques participatives.  » Replays, variations sur les Tuning Scores de Lisa Nelson  »  (2021 – …) est l’intitulé de sa nouvelle recherche, qu’elle découvre en dialogue avec Emma Bigé. Anouk partage sa perspective sur l’improvisation, la composition et la pratique artistique au Conservatoire Royal d’Anvers. Elle présente aussi ses recherches lors de festivals tels que ImPulsTanz, Warsaw CI FLOW et Freiburg Contact Festival. Elle est diplômée du programme post-master a.pass à Bruxelles (2016) et du CNDC d’Angers (1992). Elle vit à Bruxelles.
Jérémy Damian est anthropologue et danseur. Ses recherches le conduisent à cartographier, dans les franges de notre naturalisme moderne, des pratiques collectives de mise en culture de sensorialités aberrantes. Avec l’association Pli sur Pli, il tente de construire des milieux hospitaliers au côtoiement des savoirs académiques, des pratiques somatiques et des écritures contemporaines.

Samedi 30 avril 2022

Alice Godfroy & Patricia Kuypers

Les mains vides

La pratique du Contact Improvisation nous a appris à arriver les mains vides. Vides de ce qu’il y aurait en elles d’intentions, de manipulations, de projets, et plus encore vidées de nos conceptions ordinaires sur le toucher. Arriver les mains vides, pour les 50 ans de la pratique, c’est aussi revenir à la nudité phénoménologique de sa première idée, celle d’ « étudier les possibilités de communiquer par le toucher » (Paxton). Ne pas vouloir y répondre, mais l’expérimenter encore.
Si le contact a rendu possible une nouvelle forme de danse, cette danse aura transformé en retour les formes connues du toucher. Ce sont les nuances de cette nouvelle grammaire tactile que nous désirons explorer dans cet atelier, en invitant l’imaginaire et l’espace dans le toucher même. Et en pratiquant le tact comme une question ouverte : comment toucher avec un corps qui ne veut rien ? Rien si ce n’est bien sûr donner à l’autre l’espace pour entrer dans une danse.
Alice Godfroy est maîtresse de conférences en danse à l’Université Côte d’Azur, membre. Entre littérature comparée, études en danse et phénoménologie, ses travaux s’adossent à son parcours de danseuse et de pédagogue du mouvement. Elle a élaboré le concept d’une dansité de l’écriture poétique, en définissant le mouvement des textes à partir de son expérience en Contact Improvisation (Danse et poésie […], Champion, 2015 ; Prendre corps et langue […], Ganse, 2015). Elle lance à Nice en 2019 la première édition de l’Improvisation Summer School, ainsi qu’un sous-parcours de Master « Improvisation en danse ». Membre junior de l’Institut Universitaire de France depuis 2020, elle travaille à initier un champ de recherche sur les gestes improvisés.
Dès le milieu des années 80, Patricia Kuypers a été immergée dans l’improvisation et le Contact Improvisation à travers e.a. sa rencontre avec Steve Paxton, Nancy Stark-Smith, Lisa Nelson, Simone Forti… et les courants de danse post moderne ce qui l’a amenée a développer une démarche où l’être vivant, percevant, communicant et son intelligence propre se trouvent au centre du processus artistique. La collaboration avec des artistes de différentes disciplines, danseurs, musiciens, plasticiens, éclairagistes, a été moteur pour la création de spectacles, en petites formations ou en big band, affirmant et développant la spécificité de l’improvisation dansée. L’enseignement et la production de performances improvisées dans des lieux privilégiés qui favorisent la circulation entre création et formation, lui a permis de préserver une liberté du mode de création. Egalement active dans le domaine de l’édition et de l’écriture de et sur le mouvement, ce qu’elle fit notamment longtemps au sein de la revue Nouvelles de danse de l’association Contredanse dont elle est fondatrice, Patricia Kuypers a développé une recherche sur l’improvisation en danse « La partition intérieure ». Dans la collaboration avec Franck Beaubois, sa démarche a également croisé la question de l’interactivité danse/vidéo temps réel, notamment pour les créations autour du délai temporel « Delay versus duo », in situ « Panoramique » et actuellement autour de l’image et du son pour le projet de création « Entre Bruits ».

Samedi 12 mars 2022

Defne Erdur & Emma Bigé

Les arts de la zone de contact

Là où nous sommes quand nous ne savons pas où nous sommes, ainsi Nancy Stark Smith décrivait-elle l’espace ouvert par l’improvisation : une zone où les provisions sont provisoirement suspendues, où le sol fait momentanément défaut et où cependant nous cherchons ensemble notre chemin. Le Contact Improvisation met cette suspension au travail du tactile : une zone de contact, de frottements, éminemment politique, qui met en jeu des affects intenses et des histoires troubles. Comment apprendre à consentir au toucher et rester dans l’étude de ce qu’un contact peut faire ?

Defne Erdur (TR / FR) est formée en danse contemporaine (PhD), sociologie (MA), art-thérapie expressive intermodèle, thérapies corporelles (libération des tissus profonds, point de déclenchement et mouvement, thérapie craniosacrée intégrative), méditation et guérison des traumatismes (Somatique Experiencing, psychologie somatique intégrale). Elle est la co-fondatrice et rédactrice de idocde.net. En 2016, elle a terminé sa thèse de doctorat en Turquie (« Enseignement de la danse sur la ligne transitive entre vie et art : contributions de la technique, méthodologie et pédagogie du contact improvisation au développement physique, artistique et psycho-social des danseurs amateurs »). En 2017, elle a co-publié mindthedance.com: A Guide / Movement to Document Contemporary Dance / Movement Teaching, à la suite du projet REFLEX Europe. Outre sa pratique privée, elle enseigne régulièrement à ImPulsTanz ( Festival international de danse à Vienne), au conservatoire d’État MSGSU d’Istanbul, aux associations CI-Turkey, ElimSende et ÇATI. Elle donne également ses ateliers (Hunting Gathering Cultivating, Every Body Knows, Mind the Body, and Incodying Consent) à travers le monde (Tanzhaus Zurich, Konservatorium Wien, Mandala İstanbul, Kuala Lumpur, Vienne, Berlin et Freiburg CI Festivals…), en collaboration avec différentes populations (déménageurs professionnels et amateurs, thérapeutes, femmes et enfants et jeunes migrants). Sa pratique d’enseignement du mouvement est principalement informée par ses entraînements intensifs avec Simone Forti, Julyen Hamilton, John Britton, Nancy Stark Smith, Daniel Lepkoff, Kirstie Simson, Nita Little, Frey Faust, Keith Hennessy, Aydın Teker, Marcia Plevin et Julia Buckroyd.
Emma Bigé (FR) enseigne, traduit, écrit et improvise avec des danses contemporaines expérimentales et des philosophies queer & trans*féministes. Ancienne étudiante de l’École Normale supérieure, agrégée et docteure en philosophie, commissaire d’exposition et danseuse, elle développe des installations et des textes visant à renommer les savoir-sentir et les savoir-penser venus de la performance et des danses improvisées. Elle a notamment dirigé l’exposition itinérante Gestes du Contact Improvisation (Rennes, Musée de la danse, 2018) et une exposition rétrospective dédiée à Steve Paxton (Lisbonne, Culturgest, 2019). Co-éditrice de livres sur l’improvisation en danse (Steve Paxton: Drafting Interior Techniques ; La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation), et membre de la collective de rédaction de la revue Multitudes, elle est actuellement compost pour artistes dans différentes écoles d’art. Son premier livre, Mouvements. Écopolitiques de la danse est à paraître à La Découverte en 2023. À la recherche de manières de célébrer des formes rares de tendresse entre les mammifères humains et les autres créatures de Terra, elle vit entre Lisbonne, le Périgord et Marseille, et dès qu’elle peut, elle roule par terre.