Les laboratoires du tactile
Conférences-ateliers & jams au CDCN La Briqueterie
Forme de danse expérimentale née dans les années 1970 à New York, le contact improvisation est de retour à la Briqueterie avec une série d’événements où se succèdent et s’entremêlent conférences et ateliers pratiques autour du toucher et des savoirs qu’on peut en retirer.
Informations pratiques :
- Dates : samedi 14 décembre 2024
- Lieu du Laboratoire du Tactile: CDCN La briqueterie 17 rue Robert Degert 94407 Vitry-sur-Seine cedex
- Horaires : les samedis, de 10h à 17h.
- Tarif: 15€ la journée entière
- En savoir + et inscription : https://www.labriqueterie.org/billetterie/
- reservation@labriqueterie.org – 01 46 86 17 61
- Tous niveaux, débutant·e·s bienvenu·e·s !
Au programme de la journée : pratiques guidées impliquant le toucher, moments de lecture et d’écriture, espaces d’improvisation collective non dirigée.
Le contact improvisation : une forme de danse qui invite les masses à se mêler, à se rouler par terre et à se rencontrer dans les airs. Mais une forme, aussi, avec une manière bien à elle de penser les genres : inspirée par Magnesium, une pièce de 1972 où l’homoérotique des sports de lutte et d’équipe se déploie à plein régime, le contact improvisation en est venu à être l’une des pratiques de danse occidentales contemporaines où les rôles binaires des mecs-qui-portent et des filles-qui-volent ont été suspendus à la faveur de pratiques plus obliques (ou inverties) d’échange du poids entre partenaires. Dans les années 1990, le principal espace de pratique du contact improvisation à San Francisco était un donjon BDSM, et les publics se mélangeaient, si bien que le contact improvisation a finalement incorporé le vocabulaire et les investigations liées au consentement et aux oppressions de genre. Quantité d’ancestralités queers habitent ainsi les histoires du contact improvisation dont nous aurions, peut-être, tout avantage à nous inspirer pour penser avec lui les laboratoires du tactiles.
Les laboratoires précédents
Furigraphies
Samedi 8 juin 2024 avec Myriam Rabah-Konaté et Cléo Tabakian
Illustration de Cléo Tabakian
« La furigraphie est un moyen de sortir de soi, d’arriver à un surnomadisme hors d’un temps et d’un espace confisqués, de dessiner un soi multiple et insaisissable, doué d’ubiquité. C’est une tentative pour dépasser les contraintes, les contradictions et l’écartèlement entre passé, présent et futur, entre intérieur et extérieur, entre soi et les autres. » Hawad
Comment la furigraphie peut-elle nous aider à se sentir et se produire comme puissant.e à l’horizon de combats pour la justice, la réparation ou la survie ? Comment se défaire des structures psychiques qui dictent le possible de l’impossible ? Quels sont leurs corrélats dans l’expérience physique ? Comment se comprendre dans nos corporéités respectives ? Comment appréhender le mouvement de l’autre ? En cherchant où s’inscrit le conflit dans nos physicalités, ce laboratoire du tactile se propose d’explorer nos complexités, à l’aune de la différence. En puisant dans différentes pratiques et influences : Skinner Releasing Technique, Kung-Fu ou capoeira, nous tenterons de proposer des chemins holistiques, dans la joie et l’unité.
Qui ?
Cléo Tabakian vit à Marseille, elle est diplômée du Laban Conservatoire of Music and Dance depuis 2018 et des Beaux-Arts de Paris (ENSBA) en 2014. Danser, dessiner et enseigner sont ces principales activités. Professeure certifiée de Skinner Releasing Technique, elle enseigne la danse aux enfants et aux adultes régulièrement dans des contextes variés. Son livre en cours, Movement Speculation, réunit dessins et fragments d’un poème épique. Elle expose son travail graphique en solo et dans des expositions collectives.
Myriam Rabah-Konaté est documentariste sonore, autrice et danseuse. Elle pratique le mouvement depuis sa rencontre avec la danse improvisée au Maroc sein du collectif Irtijal. Elle développe depuis une réflexion sur les enjeux micro-politiques de cette forme de danse, notamment à travers la cartographie sensible. Elle a co-écrit l’article « Ce qui nous retient de nous toucher » avec Emma Bigé dans l’ouvrage La perspective de la pomme. Histoires, politiques et pratiques du Contact Improvisation (2021). Elle explore dans ses documentaires radios, Écouter la Muette, l’histoire des mémoires d’une cité de Drancy (2023) ; Ce qui disparaît. Cartographie sonore de la nostalgie dans le 93 (2024), la géographie sensible et vécue de son territoire d’enfance.
Anatomies de l’invisible
Samedi 16 décembre 2023 avec Marcela Santander Corvalán et Emma Bigé
© Bettina Blanc Penther
Et toi, ça t’est déjà arrivé d’être en contact avec une matière que tu ne pouvais pas voir ? Pas seulement avec des os, des muscles, des flux cachés sous la peau, mais aussi des atmosphères, des souvenirs, des images qui sont là et pas là ? Que se passerait-il si au-delà des corps présents, nous nous mettions en lien avec tout ce qui se coule entre eux et nous bouge ? Appelons cela : une chair qui déborde, une fête, un esprit, un souffle, une agitation. Et si on se branchait à ces tumultes invisibles pour les danser et être dansé‧es par eux ?
Qui ?
Originaire du Chili, Marcela Santander Corvalán se forme à la danse-théâtre à Milan et à l’histoire, puis à la danse contemporaine au CNDC d’Angers et à l’université Paris8. En tant qu’interprète, elle collabore avec Dominique Brun, Faustin Linyekula, Julie Nioche, Ana Rita Teodoro, Volmir Cordeiro, Mylène Benoit et Mickaël Phelippeau. Depuis 2015, elle signe plusieurs pièces qui tournent en Europe et à l’international (Époque (avec Volmir Cordeiro) Disparue, Quietos, Concha histoires d’écoute (avec Hortense Belhôte et Gérald Kurdian ). En 2021, elle entame une trilogie sur les mythologies, et réfléchit à la manière dont nous pouvons créer des mythologies contemporaines émancipatrices. La première pièce de ce volet, Bocas de Oro, a été créée en octobre 2022. Elle intervient régulièrement dans différents lieux, festivals, écoles d’art, théâtres, pour des ateliers, formations ou des projets collectifs au long cours. La création de sa compagnie Mano Azul en 2021 est animée par la volonté d’approfondir cet axe de transmission en proposant et déployant des projets participatifs en étroite collaboration avec différents artistes et institutions et lieux alternatifs.
Emma Bigé étudie, écrit, traduit et improvise avec des danses contemporaines expérimentales et des théories transféministes. Agrégée et docteure en philosophie, danseuse et commissaire d’exposition, elle enseigne l’épistémologie et les pratiques textuelles dans des écoles d’art et des centres chorégraphiques. Traductrice de théoriciennes et d’écrivaines queers (Jack Halberstam, Sara Ahmed, Alexis Pauline Gumbs, Eva Hayward…), elle est membre de la collective de rédaction de la revue Multitudes. Elle a récemment fait paraître Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023) et travaille en ce moment à un livre sur les écologies trans*. Elle vit près d’une forêt dans le Périgord et, dès qu’elle peut, elle roule par terre.
Goûter les virtuels – Samedi 14 octobre 2023
Il y a ce qui est et ce qui pourrait être.
En contact improvisation, comme dans beaucoup d’autres pratiques d’improvisation, nous apprenons à nous déposer dans ce qui est, tout en développant la perception de ce que ce présent ouvre d’à-venir potentiels.
C’est à ce niveau invisible de relation aux possibles que nous apprenons à dialoguer.
Dans une danse il n’y a pas que toi et moi, il y a aussi tout ce que tu pourrais être et ce que je pourrais être et ce que nous pourrions être ensemble. L’épaisseur de notre danse tient à cette faculté de goûter les multiples virtuels qui l’habitent, qui nous habitent.
Une pratique pourrait alors être d’écouter ce que notre présence, notre rapport au monde modifie de possibles en nous et en nos partenaires, et de commencer à danser avec.
Qui ? Catherine Kych danse depuis bientôt trente-cinq ans. La danse classique est son fil conducteur, mais à la recherche d’espaces de liberté, de jeu et de partage, elle a plongé en 2007 dans le contact improvisation. Elle s’est enthousiasmée pour cette pratique non‐normative qui offrait la possibilité de rencontrer, d’abord par le toucher et le mouvement – puis par les mots – des « autres », et de construire et déconstruire avec eux le monde.
Chemin faisant, elle s’est dotée de différents outils pour approfondir ses pratiques de danse et d’accompagnement : une formation de « Danse et Thérapie du mouvement » (avec notamment les outils de la psychopédagogie perceptive et de la fasciathérapie de Danis Bois), le D.U. « Danse et éducation somatique » de Paris VIII, une formation en Entretien d’Explicitation qui s’est trouvé être l’outil qui lui manquait pour accompagner la mise en mots de l’expérience des danseurs. Depuis elle est un membre actif du GREX (www.grex2.com), groupe de recherche sur l’explicitation fondé par Pierre Vermersch.
Le D.U. « Médecine, méditation et neurosciences » de Strasbourg est venu plus récemment compléter ses connaissances pratiques et théoriques sur l’attention – notamment dans les pratiques méditatives.
Et enfin tout dernièrement, Catherine s’est formée en hypnose ericksonienne pour tenter de mieux comprendre les liens entre imagination, perception, langage et relation, et la manière dont ils influencent les mécanismes de création, d’apprentissage et de changement.
Samedi 27 mai 2023
Les gardes du corps
Quand je danse en contact avec toi, je fais parfois l’expérience que je suis dansée … mais par qui ? Qui me bouge ? Qui est l’agent ? – L’agent est secret, changeant et se confond avec ma façon d’épouser le présent. Pour qui travaille-t-il ? – L’agent est double, sur le fil qui me tient en tension entre le faire- et le lâcher-prise. L’expérience de dé-prise que nous rencontrons au bout de la pratique du Contact Improvisation figure une voie discrète, et radicale, de transformation de notre rapport au monde. L’étudier de biais, c’est convier à la table du studio d’autres somatonautes et observer les expériences – hypnotique, poétique, mystique – qu’ils ont vécu jusqu’à la joie d’une perte : celle des gardes du corps Sur Facebook: https://fb.me/e/5Tngb6yNk
Catherine Kych danse depuis plus de trente ans. La danse classique est son fil conducteur, mais à la recherche d’espaces de liberté, de jeu et de partage, elle a plongé en 2007 dans le contact improvisation. Elle s’est enthousiasmée pour cette pratique non‐normative qui offrait la possibilité de rencontrer, d’abord par le toucher et le mouvement – puis par les mots – des « autres », et de construire et déconstruire avec eux le monde. Chemin faisant, elle s’est dotée de différents outils pour approfondir ses pratiques de danse et d’accompagnement : une formation de « Danse et Thérapie du mouvement » (avec notamment les outils de la CNV et de la pédagogie perceptive de Danis Bois), le D.U. « Danse et éducation somatique » de Paris VIII, une formation en Entretien d’Explicitation qui s’est trouvé être l’outil qui lui manquait pour accompagner la mise en mots de l’expérience des danseurs. Depuis elle est un membre actif du GREX (www.grex2.com), groupe de recherche sur l’explicitation fondé par Pierre Vermersch. Le D.U. « Médecine, méditation et neurosciences » de Strasbourg est venu plus récemment compléter ses connaissances pratiques et théoriques sur l’attention – notamment dans les pratiques méditatives. Et enfin tout dernièrement, Catherine s’est formée en hypnose ericksonienne pour tenter de mieux comprendre les liens entre imagination, perception, langage et relation, et la manière dont ils influencent les mécanismes de création, d’apprentissage et de changement.
Samedi 25 mars 2023
BIENVENUE À L’ACCUEIL – Élans, désirs, raffineries et tourniquets
Comment le mouvement naît-il ? Naît-il ? Un appui permet-il l’élan ? Un geste, un mouvement ? Geste et mouvement se rejoignent-ils ? Est-ce que la fin d’une trajectoire est le début d’une autre ? D’une autre ? Est-ce qu’un empêchement est un retard pour le mouvement ? Ou une friction un peu plus rugueuse, un alentissement ? Est-ce qu’un mouvement est un lien ? Un lieu ? Un lieu de liens : une toile ? Est-ce que les images peuvent s’y déposer et faire levier ? Signal ? Pour d’autre gestes, d’autres mouvements, d’autres mémoires de ces gestes, d’autres mémoires de ces mouvements ? Comment cela se succède ? Cela fait-il étendue ? Tourne ? Est-ce un manège, une machinerie ? Est-ce une archive délicate ? Circule-t-elle ? Par quelles portes ? Comment cela se déplace-t-il, se dépose, se raffine ? Est-ce que l’accueil a une adresse ? Peut-on lui envoyer des intentions ?
Marie Rousseaux est très curieuse de tout ce qui conditionne la capacité à faire lien. Elle tente d’avoir les pieds sur terre et le nez en l’air (et l’inverse) pour se perdre allègrement entre l’intime et le politique. Elle est praticienne de Rolfing® Intégration Structurelle pour mieux se laisser mouvementer. Elle danse, lit, écrit, bouge avec d’autres, bouge toute seule, ne bouge pas… et parfois tout à la fois !
Samedi 10 décembre 2022
Jérémy Damian & Isabelle Üski
Sismographies
« La danse est une façon d’ébranler la terre pour en susciter les forces » Alèssi Dell’Umbria, Tarantella ! Possession et dépossession dans l’ex-Royaume de Naples
Nous proposons d’aborder le tremblement comme une alternative aux pensées de l’effondrement et de l’aborder par et dans nos corps en mouvement.
Le tremblement est un motif commun à tous les corps, qu’ils soient physiques, géologiques, vivants, politiques, économiques, énergétiques, etc. En tant que tel, il établit un plan de continuité entre des corps très hétérogènes. Le tracé sismographique est un tracé d’ordre relationnel, enregistrant a minima l’action de deux corps et mettant en scène l’amplitude et la variation des modulations de leurs interactions.
Ce laboratoire du tactile propose des chemins de pratique pour susciter notre propre appareillage sismographique. Ces chemins seront hybrides, composés et inspirées d’expériences somatiques, d’improvisations dansées, de poésie et de sciences sociales.
Samedi 15 octobre 2022
Emma Bigé & Anne-Gaëlle Thiriot
Écotones Les écotones sont des zones lisières, des frontières épaisses qui assurent la transition entre différents milieux (entre une forêt et une prairie par exemple) et qui favorisent la diversité en raison de la multiplicité des échanges et des dépendances mutuelles qui se contractent entre les vivants. Ce sont des zones d’impureté, pleines d’échanges asymétriques et de symbioses, où la vie est décidément autre que solitaire, décidément autre que le règne de l’individu. Qu’avons-nous à apprendre, pour nos danses, de ces zones de contact? La matinée se déroule en duo entre la philosophe Emma Bigé et la danseuse et pédagogue Anne-Gaëlle Thiriot. L’après-midi se compose d’une jam, ouverte et clôturée par une pratique partagée.
Samedi 4 juin 2022
Jérémy Damian & Anouk Llaurens
Dépayser le toucher, anarchiver le corps. Si mon corps est une archive, il collecte, inscrit, stratifie des expériences. Nos manières de sentir, de ressentir et d’agir sont informées par cette archive. Pour chaque situation, chaque habitude, chaque pratique, s’ouvrent ou se mobilisent des répertoires d’actions, des registres sensoriels et attentionnels. Chaque corps est en ceci une archive unique. Une partie, pourtant, de cette archive est aussi le fruit d’habitudes contractées, de tensions accumulées, d’injonctions intériorisées, de prescriptions déguisées. Se multiplient les entreprises visant à revendiquer un droit de gestion de cette archive, avec pour effet d’homogénéiser et standardiser tout autant les contenus que les modes sous lesquels nous nous relions à cette archive et à ses ressources. Nous aimerions prendre occasion de la célébration des cinquante années d’existence du contact improvisation pour rouvrir les puissances d’expérimentation de son laboratoire. C’est-à-dire aussi : de questionnement, de dépaysement, de dé-composition. A travers la mise en dialogue de deux pratiques, l’une qui aborde les fascias comme un système sismographique du corps (Jéremy Damian), l’autre qui s’inspire des Tuning Scores de Lisa Nelson (Anouk Llaurens), nous proposons un temps pour goûter nos sensations, re-visiter notre expérience et peut-être dépayser voire défaire, certaines de nos aptitudes haptiques, sensorielles et relationnelles. Emprunter des chemins buissonniers pour retrouver une exigence centrale du contact improvisation : vivre le corps/archive non pas comme une entité stable et fermée mais comme un réseau de relations en constante transformation.
Samedi 30 avril 2022
Alice Godfroy & Patricia Kuypers
Les mains vides
Samedi 12 mars 2022
Defne Erdur & Emma Bigé
Les arts de la zone de contact
Là où nous sommes quand nous ne savons pas où nous sommes, ainsi Nancy Stark Smith décrivait-elle l’espace ouvert par l’improvisation : une zone où les provisions sont provisoirement suspendues, où le sol fait momentanément défaut et où cependant nous cherchons ensemble notre chemin. Le Contact Improvisation met cette suspension au travail du tactile : une zone de contact, de frottements, éminemment politique, qui met en jeu des affects intenses et des histoires troubles. Comment apprendre à consentir au toucher et rester dans l’étude de ce qu’un contact peut faire ?